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février 28

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Retouches à la truelle et raffinement

By ManuBZH

février 28, 2020


Et si on parlait un peu de retouche photo ? J’ai déjà abordé ce sujet quand je me suis débarrassé de Lightroom, mais je n’avais pas vraiment évoqué comment je m’y prenais, et surtout ce que je ne faisais pas et ce que je fuyais.

 Je me suis interrogé sur ma pratique au moment où j’ai remarqué plusieurs tendances.

Transformer une photo moyenne en chef d’œuvre grâce aux presets

La première tendance , c’est de faire de la retouche en utilisant des recettes toutes faites, sur étagère. Je parle évidemment de tous ces presets et des filtres, mais aussi de logiciels dédiés.

Les presets, ce sont ces réglages déjà tous prêts qu’on applique sur une photo. C’est devenu un gros business maintenant. N’importe quel apprenti photographe ou Youtuber cherche à vendre ses packs de presets à des prix qui me laissent un poil dubitatif.

395€ soldé à 27€, ça c’est de vrais soldes ! Ou alors juste du foutage de gueule.

Les éditeurs de logiciels ne sont pas en reste, et ils poussent toujours un peu plus loin les possibilités de retouches en 3 clics de souris.

Et pourquoi ne pas carrément tricher ?

C’est vrai, pourquoi s’arrêter sur la route du pipeautage ?

Auparavant, il y avait VSCO ou Instagram avec leurs filtres intégrés tendance “photo vieillie aux couleurs délavées dans du pipi de buffle”. Mais ça, c’était avant.

Grâce aux progrès de l’intelligence artificielle, on touche au sublime puisque l’on peut ajouter des éléments de façon réaliste pour obtenir une photo qui claque. C’est le cas de Luminar.

Le ciel est morne ? Pas de problème, il y a une fonction pour remplacer le ciel pourri par un beau ciel bien bleu ou bien ensoleillé. En parlant de soleil, la photo manque de lumière ? Pas de problème, je t’ajoute des rayons de soleil. Ta photo de nuit est ratée ? Ajoute la Voie Lactée ! Et cetera.

Ce n’est plus de la photo, c’est du traitement d’image. Le but n’est pas de laisser sa personnalité parler, non. Le but est de créer une image à destination des réseaux sociaux pour faire du like. Ce logiciel est putassier à souhait, intrinsèquement conçu pour produire de la merde, et en quelques secondes.

En vertu de quoi, il est promis à un certain succès.

Mieux encore : le look orange and teal

La deuxième tendance, je l’ai découverte sur Instagram (évidemment, c’est the place to be pour faire des trucs originaux que tout le monde fait) découle de la première.

C’est le look Orange&teal, soit orange et turquoise en français. Ce look transforme le bleu du ciel en turquoise et donne un teint genre “masque à la bouillie de carotte” aux portraits. On peut éventuellement compléter ce filtre par une désaturation des couleurs, pour aller au bout du raffinement.

Voici quelques exemples pour bien fixer les idées.

J’ai appris qu’un tel filtre donne un look “professionnel” aux photos.

Quand je pense que certains font des études, affinent leurs propos, leurs méthodes, passent du temps à trouver leurs styles, se battent pour essayer d’en vivre, alors qu’il suffit d’appliquer un filtre orange&teal sur n’importe quelle photo pour se transformer un pro !

C’est pourtant pas compliqué : une recherche “preset orange and teal” sur Google renvoie à 82 millions de résultats ! Il y a à ce sujet un article sur Fstopper.com qui l’explique très bien  “How I improved all of my Photographs with one Lightroom preset” dont je vous mets un extrait ci-dessous :

J’ai rapidement réalisé que je produisais de l’art. Ceci n’est pas un caddie. C’est une critique sociale sur le gâchis de la culture de consommation, sa présence solitaire dévoilant une critique brutale de la vie citadine, du capitalisme et de la dégradation urbaine.
Alors voici mon conseil : peu importe si des dizaines de milliers d’autres personnes utilisent cette astuce. Montez à bord et faites de vos photos les plus improbables de vrais succès sur les réseaux sociaux.

Evidemment, vous aurez compris que cet article est d’une ironie assez cinglante. Ce filtre orange&teal est à mettre au même niveau de kitsch et de mauvais goût que la désaturation partielle ou le HDR criard.

Combo HDR + désaturation partielle : ça, ça claque, baby !

La photo robotisée

Imaginez maintenant une image traitée par un combo sky replacement + look orange&teal, c’est le succès assuré sur les réseaux sociaux, sur Flickr ou 500px ! Le point commun de ces 2 tendances, c’est le fait de confier les retouches à des algorithmes, et de les laisser faire.

Tout est sous-traité à des informaticiens. Car, même si on peut toujours intervenir sur un preset, même si on peut toujours personnaliser, combien le font ? L’image traitée ainsi restera à mon sens une bouse intersidérale sans le moindre début de commencement de créativité ou d’implication de soi. 

Ma méthode : pas d’artifices, et tout au cas par cas.

Avec tout ça en tête, je me suis dis “OK, mais toi, tu crois que tu fais mieux ?” Alors, je ne sais pas si je fais mieux, toujours est-il que je ne fonctionne pas avec des recettes pré-établies.

Déjà, n’utilisant plus Lightroom, la notion de preset s’est éteinte d’elle-même : il n’en existe quasiment pas pour la suite logicielle que j’utilise, DXO Photolab. Bon, pour être tout à fait exact, il existe bien des presets dans DXO mais la plupart sont des simulations de films argentiques . Les autres (une trentaine, à comparer aux milliers existants pour Lightroom) je n’en sais trop rien, je ne les utilise pas.

Je traite les photos à l’unité, au cas par cas, en fonction de ce que je veux obtenir. Certes pour une série, je garde une certaine homogénéité pour obtenir un ensemble cohérent (et encore).

Comme je ne m’interdis rien, il arrive que j’utilise une simulation de film argentique, à condition que ça apporte un plus à l’image que je veux obtenir, comme par exemple celle-ci-dessous (Lever de soleil sur Dune). Mais, à l’exception de quelques retraits de poussières ou de tâches, je n’ajoute rien ni ne retire quoi que ce soit à l’image.

Si je n’obtiens ce que je veux, c’est que j’ai mer*é à la prise de vue, et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Aucun logiciel ne pourra compenser mes défauts.

Lever de soleil sur Dune

Que retenir de tout ça ? D’abord, chacun fait bien ce qu’il veut avec ses photos, tant qu’il s’y retrouve. Tous les goûts sont dans la nature, y compris les plus mauvais, surtout quand ceux-ci sont issus de l’association de l’intelligence artificielle et de la connerie naturelle humaine.

La véritable bêtise bat l’intelligence artificielle à tous les coups.

Terry Pratchett

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