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J’avais à peine une dizaine d’années, et ce petit boitier tout automatique avait quelque chose de magique. Je ne savais pas encore à quel point il allait déclencher une passion.

Evidemment, à cet âge-là, et à cette époque (le début des années 80), on ne mitraillait pas à tout bout de champ, et la photo restait juste un moyen de matérialiser des souvenirs familiaux. Mais un petit truc naît en moi.

Fast forward, direction les années 2000. Je me balade à Nantes, j’entre dans une boutique photo, et je tombe sur cette photo de Philip Plisson d’une plate au petit matin.

Le choc. Je suis scotché. 

Par la douceur de l’image, la présence forte de cette petite barque.

Et plus encore : j’ai ressenti ce petit matin. Je l’ai ressenti physiquement. Les microgouttelettes de brume sur la peau, le froid du matin, l’odeur de la ria, l’ambiance sonore calme et apaisée. Tout ça en une photo. Cette petite plate m’a mis une grande claque. J’ai pris conscience de manière frontale qu’une photo pouvait véhiculer autre chose qu’un souvenir de vacances ou de famille.

Le petit truc qui était né en moi dans les années 80 a pris un sacré coup de boost, mais il reste latent, il a encore besoin de mûrir.

Fin des années 2000. Gros changement dans ma vie. C’est le moment de laisser éclore ce qui mûrit depuis tant d’années.

J’achète mon premier appareil numérique, un hybride, le Panasonic G1.

Et déjà, le choix de ce modèle préfigure la suite : la volonté de ne pas m’inscrire dans un chemin tout tracé. L’hybride, à l’époque, c’est tout nouveau, personne n’y croit, qui plus est dans ce format bâtard (micro 4/3). J’aurais pu choisir une marque plus connue, plus installée. Mais à faire comme tout le monde, on finit par être quelconque.

Et ça se retrouve dans ma photographie. J’avais dès le départ adopté un style d’images proche de la photo de Philip Plisson qui m’avait tant marqué. Mais quand on habite une région photographiée tous les jours par des centaines de photographes, il est difficile de se différencier. C’est pourtant ma quête incessante, mon leitmotiv. Je décide donc très vite de m’éloigner des images éculées de la Bretagne pour proposer des points de vues ou des paysages différents, comme s'ils avaient été pris depuis une époque futuriste ou une autre dimension (vous aurez perçu ici la forte influence de la science-fiction et de la littérature fantastique sur mon travail !).

En 2019, je découvre Andrew Gray et la photographie abstraite.

Nouveau choc. La révélation.

Au fil du temps et de mes expérimentations, la photographie abstraite est devenue ma marque de fabrique. Avec elle, je m'affranchit des codes habituels de la photo pour créer des images dans lesquelles le réel n'a que peu d'importance. Chaque image est un passage vers un monde, qui peut être onirique, inquiétant, éthéré, poétique, fantastique, fantomatique, confus, apaisé… Les situations sont détournées, les éléments sortis de leurs contextes et dévoyés loin de leurs bases habituelles.

Abstraites ou non, mes photos font appel à l’imaginaire de chacun. Elle ne racontent pas une histoire.

Elles n’en sont que le début.


One more thing...

Toutes mes photos sont prises en une seule fois, sans artifices. Je les traite pour obtenir les formes, les contrastes et les couleurs que je veux, mais je n'ajoute rien, ne retire rien, ne photoshoppe rien (d'ailleurs, Photoshop n'est même pas installé sur mon ordinateur). Tout vient de la prise de vue initiale.


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