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avril 12

10 commentaires

Mais au fait, c’est quoi une photographie “fine art” ?

By ManuBZH

avril 12, 2023


"Photographie fine art" ?

Vous aussi, vous avez déjà vu, lu ou entendu ce terme. Et vous non plus, vous ne saisissez pas bien ce que ce terme bizarre et un peu pompeux signifie ?

C'est vrai que, dans le domaine de la photo, ce terme revient souvent. Et c'est vrai également qu'une certaine confusion est entretenue pour ne surtout pas trop expliquer ce que ça veut dire. C'est pratique, ça permet de vous fourguer tout et - surtout - n'importe quoi.

Alors, comment vous y retrouver, et ne pas vous laisser piéger par des vendeurs de rêves sans scrupules ? Je vais essayer de démêler tout ça. 

Quelle traduction pour "Fine Art" ?

Commençons par le commencement.

Votre sagacité ne vous aura pas trompé : le terme Fine Art n'est pas français, mais anglo-saxon (à prononcer donc à l'anglaise).

Ce terme se traduit en français par "Beaux Arts". Associer les mots "Fine Art" et photographie", c'est donc considérer que la photographie est élevée au rang d'art, au même titre que la peinture ou la sculpture. Et ça, c'est cool, et c'est une belle reconnaissance. Sauf que ce n'est malheureusement pas aussi simple. C'est pour ça que définir ce qu'est l'art fait partie des plus mythiques sujets du bac en philo.

La photographie est donc un art, ce qui implique l'existence d'œuvres d'art photographiques. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu'une photo Fine Art est une œuvre d'art originale.

Là, normalement, ça commence doucement à s'embrouiller dans votre tête.

Je vais en mettre une couche de plus. Un tirage Fine Art n'est pas forcément issu d'une photographie Fine Art, mais peut être une œuvre originale. Mais une œuvre originale n'est pas toujours un tirage Fine Art.

Vous voyez que rien n'est simple dans cette histoire de Fine Art. Je vais donc vous décortiquer toutes ces notions, qui se chevauchent, sans être synonymes : 

  • L'œuvre d'art originale (ou tirage original) au sens légal du terme ;
  • La photographie Fine Art ;
  • Le tirage Fine Art

De quoi chaque terme est-il le nom ? C'est parti un décryptage, et commençons, en toute logique, par le premier.

L'œuvre d'art originale en matière photographique

Débutons par le plus facile. C'est le code général des impôts (oui, oui…) qui définit ce qu'est une œuvre d'art. Appliqué à la photographie, cela donne en toute poésie :

II. - Sont considérées comme œuvres d'art les réalisations ci-après :

[...]

Photographies prises par l'artiste, tirées par lui ou sous son contrôle, signées et numérotées dans la limite de trente exemplaires, tous formats et supports confondus.

Article 98A de l'annexe 3 du code général des impôts.

Plusieurs informations importantes se cachent sous ces quelques mots :

Photographies prises par l'artiste :

Ça a l'air évident, mais autant le préciser quand même : seul la le photographe qui a pris la photo peut revendiquer en être l'auteur. Il peut exister quelques cas sujets à interprétation, notamment sur la prise en compte de la direction artistique, mais nous allons rester sur le cas simple : c'est l'artiste qui prend la photo.

Tirées par lui ou sous son contrôle:

Le tirage en question ici est le fait d'imprimer ou de faire imprimer ses photos, et quelle que soit la technologie employée : tirage argentique, impression numérique… L'article dit donc que le photographe doit tirer lui-même ses photos, ou le faire faire à quelqu'un, mais toujours en vérifiant le travail réalisé. Ce qui veut dire 2 choses :

  1. Quelqu'un n'a pas le droit d'imprimer une de mes photos et la mettre à disposition sans que j'en sois informé (car ainsi, n'étant pas informé, je ne risque pas d'exercer le moindre contrôle dessus).
  2. Je ne peux pas faire tirer une photo chez un imprimeur et la faire parvenir directement chez vous sans que j'aie pu vérifier la qualité du travail. Ceux qui font ça prennent très à la légère la qualité de leurs réalisations. Vous penserez ce que vous voulez de leur sérieux.

Au passage, notez qu'on parle bien de tirages originaux de photos, pas d'une image sur un écran, ou d'un NFT putride des Enfers. Même le Code Général des Impôts le dit : une photo n'existe en tant qu'œuvre d'art que quand elle est imprimée.

Signés et numérotés :

Bon, là, pas de difficultés : une photo non signée ni numérotée ne sera pas une œuvre d'art. Notez au passage qu'il n'y a pas d'exigence sur la forme de la signature ou la numérotation. Cela peut être manuscrit (c'est ce que je fais, au dos des tirages), mais une signature scannée et intégrée à la photo sous forme de filigrane semble aussi acceptée. C'est vilain comme c'est pas permis, mais aux yeux de la loi, ça fait le boulot.

Cela dit, cette double condition (signature + numérotation) n'est pas à elle seule suffisante, il faut aussi que le tirage de la photographie soit…

Limitée à trente exemplaires maximum.

Là, nous entrons dans le cœur du réacteur. 

La notion d'œuvre d'art implique une certaine rareté. Vous conviendrez alors avec moi qu'avec une photo imprimée à 10000 exemplaires, même en signant et en numérotant tous les exemplaires à la main, la rareté disparaît (mais fait apparaître une tendinite à la main à force de signer)

Le législateur a donc défini un seuil au-delà duquel une photographie ne peut plus être considérée comme une œuvre d'art et passe alors au stade de "produit", avec toutes les réjouissances qui vont avec, notamment la fiscalité et la TVA. Pourquoi 30, et pas 20 ou 35 ? Je n'en ai aucune idée. Par contre, il s'agit bien d'un maximum. Rien n'empêche de limiter encore le nombre d'exemplaires pour accentuer la rareté. Vous trouverez souvent des photos tirées seulement à 5, ou 10, ou 12, exemplaires, voire en tirage unique. Et attention, une fois que le nombre de tirage est fixé, c'est pour de bon. Si vous achetez une photo tirée à 12 exemplaires, et que par la suite, vous découvrez qu'il existe un exemplaire n°13, 14, 15, etc... eh bien c'est de l'arnaque, et vous vous êtes fait avoir, car votre tirage original n'aura plus du tout la même valeur.

Vous l'aurez donc compris : quelqu'un qui vous vend un tirage d'art en série limitée à 500 exemplaires (comme ceux que l'on trouve par exemple chez Yellow Korner) utilise le manque de connaissance des acheteurs et vous vend simplement un produit commercial, pas une photographie d'art. Attention : ça ne veut pas dire que c'est nul (la photo peut tout à fait être de qualité), mais il faut être vigilant et ne pas le payer au tarif d'une vraie œuvre. De plus, ce tirage ne vaudra rien en tant qu'œuvre d'art et ne prendra aucune valeur avec le temps. Vous aurez peut-être une belle photo, mais sans plus de valeur que la tapisserie du mur sur lequel elle sera accrochée.

Tous formats et supports confondus.

La notion de format se comprend facilement : que la photo fasse 10×15 cm, 60×80cm ou remplisse un panneau publicitaire 4m×3m, peu importe, tant que le total de tous les formats tirés est inférieur ou égal à 30.

"Tous supports confondus", en revanche, pourrait être sujet à débat. Mais aux yeux du code général des impôts, c'est très simple : que la photo soit tirée sur un papier de luxe à 3000$/m², sur une toile en PVC, sur une planche de bois, un caillou ou un dibond, tout est valable. En tous cas, pour la loi . Nous verrons plus tard que, dans la pratique, d'autres critères jouent des rôles importants.

Et c'est tout.

Et voilà. C'est tout ce qu'il faut pour qu'une photographie soit considérée comme œuvre d'art. Rien de plus.

Pourtant j'ai lu certains articles qui ajoutaient des contraintes sorties de leur imaginaire pour qu'une photo soit pleinement une œuvre d'art. En voici un petit florilège.

Il faut un certificat d'authenticité.

Nope.

Désolé, mais rien dans les textes n'impose le certificat d'authenticité.

CEPENDANT, c'est évidemment mieux d'en fournir un. Personnellement, j'en fournis toujours un pour les photos vendues directement. En revanche, pour les photos vendues lors des expositions, je n'ai pas encore trouvé la bonne solution. 

Ah, et comme le certificat n'est pas obligatoire, il n'y a non plus aucune obligation que celui-ci soit infalsifiable. Certaines galeries en lignes proposent ce type de document, mais à part renchérir le coup d'acquisition de quelques dizaines d'euros, ça n'apporte aucune garantie supplémentaire à l'acheteur (peut-être plus pour son assurance, par contre). 

Une facture est obligatoire.

Là encore, l'article ci-dessus ne précise rien sur le sujet. Mais bon, il est évident que si c'est une entreprise qui achète, ça va être difficile de passer outre cette formalité. Pour les particuliers, en revanche, il n'y a rien d'obligatoire, même si ce sera toujours mieux d'en obtenir une.

Donc, autant que possible, réclamez une facture si vous êtes client, ou fournissez une facture si vous êtes artiste.

Une photo d'art doit être tirée sur du papier haut de gamme.

Oui, mais non. Comme vu au-dessus, il n'y a aucune imposition de support pour une photographie d'art. Cela dit, on comprend l'idée : vous n'imaginez pas une photo d'art imprimée sur du PQ… 

Je reviendrai sur ce point un peu plus loin dans la troisième partie

On résume ?

Il faut retenir qu'au sens des impôts français, une photographie ne peut être considérée comme œuvre d'art que si et seulement si :

  1. Elle a été prise par le photographe ;
  2. Elle a été tirée par le photographe ou sous son contrôle ;
  3. Il n'existe qu'au maximum 30 exemplaires numérotés et signés de la photo, quels que soient les formats ou les supports.

On peut adjoindre quelques éléments supplémentaires, qui, sans être obligatoires, sont bienvenus :

  • un certificat d'authenticité ;
  • une facture ;
  • impression sur un support "haut de gamme".

Et la photo elle-même, dans tout ça ?

Vous aurez probablement noté que ces conditions sont assez matérielles et ne font aucun cas de l'image elle-même.

En gros, si vous prenez en photo la poubelle de votre salle de bain, un emballage de camembert industriel ou le cul de votre chat, rien ne vous empêche d'en faire une photo qui respecte les critères ci-dessus. Pourtant, vous conviendrez qu'on ne pense  pas spontanément à ce genre d'images quand on s'imagine une photographie d'art.

C'est alors qu'intervient la notion de "fine art", et le bordel qui va avec.

La photographie Fine Art n'existe pas vraiment.

Enfin, si, mais c'est pas aussi simple.

Le problème, c'est qu'il n'existe aucune définition universellement reconnue. On peut donc fourguer à peu près tout et n'importe quoi sous ce terme (et certains ne s'en privent d'ailleurs pas).

Commençons par un peu d'histoire.

J'ai lu, ça et là, que la photographie Fine Art serait née au début du siècle. Un photographe, nommé John Jabez Edwin Mayall aurait décidé qu'il n'y avait pas de raison pour que la photo ne soit pas  considérée comme art. Il se disait donc artiste, c'est à dire qu'il cherchait davantage à exprimer ses idées via la photo que simplement représenter fidèlement ses sujets.

Fast forward dans le temps, on se retrouve dans les années 2000. La notion de fine art a évolué. Il s'agit maintenant d'un courant qui consiste à produire une photographie assez léchée, sans utilisation de logiciels du type Photoshop. Le but est alors de travailler ses cadrages, sa ou ses lumières, sa composition, etc... dans le but d'obtenir une photographie impeccable, sans artifices numériques.

Et maintenant alors ? Eh bien, il semble que l'on soit revenu à l'idée de départ : exprimer ses idées, ses émotions via la photographie. En revanche, côté utilisation de logiciels, on est passé d'un extrême à l'autre. J'ai même l'impression, que plus une photo est estampillée "fine art", plus l'utilisation de logiciels est lourde et indigeste, presque jusqu'à l'écœurement.

C'est quoi, alors, la photographie Fine Art ?

Vous le savez, je n'ai aucun diplôme d'histoire de l'art, et j'ai donc probablement fait quelques raccourcis bien involontaires. Mais le résultat est de toute façons identique : ce n'est pas l'histoire de la photographie qui nous donnera une définition nette et précise de la photographie Fine Art. 

Alors je vais en tenter une.

Ou plutôt, je vais adapter une définition. C'est sur le web américain que j'ai trouvé la présentation la plus acceptable. Elle couvre suffisamment le sujet sans être restrictive.

La photographie "fine art", ou photographie artistique, c'est une photographie créée selon la vision créative du photographe, dans laquelle il laisse transparaitre sa personnalité, ses émotions, ses névroses, etc... La photographie Fine Art s'éloigne donc de la représentation fidèle de la réalité pour plutôt en proposer une interprétation.

Très souvent, vous voyez un rapport inversé : l'appareil est prépondérant sur la vision du photographe. Cela donne des images souvent agréables à l'œil, extrêmement bien définies. Et elles sont aussi belles qu'elles sont démunies de la moindre personnalité. Le photographe s'est totalement effacé au profit de la technique, et quelquefois aussi de son sujet. C'est typiquement le cas des spots photos ultra-connus, photographiés des millions de fois de la même façon. Ça ne fait pas forcément de mauvaises photos, mais si la personnalité du photographe ne transparaît pas dans l'image, le terme "Fine Art" n'est selon moi pas approprié.

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Oui, moi aussi, je l'ai faite ma photo déjà vue un million de fois ailleurs

Avec la définition ci-dessus, vous comprenez que la photographie fine art est indissociable du photographe lui-même : toute sa personnalité imprègne les images. Le sujet n'est donc pas ce que voit l'appareil photo, mais ce que voit l'artiste. L'appareil photo et toutes les méthodes de post production (en argentique ou en numérique) ne sont alors que des intermédiaires permettant de retranscrire le message élaboré par le photographe.

Du travail et rien d'autre.

Et pour obtenir cette espèce d'alchimie, cela ne tombe pas du ciel par la grâce d'une fée qui se serait penchée sur votre berceau. C'est le résultat d'un travail, de nombreuses heures ou années de recherche, d'essais, de tri et d'editing, bref, tout ce que vous ne voyez pas quand vous regardez une photo. Pour un artiste, il n'y a pas de raccourci possible pour l'obtention d'une authentique vision créative propre.

Ce que le photographe apporte de lui-même est évidemment très personnel. Tout est dans le message ou l'émotion que le photographe veut évoquer à la personne qui regarde l'image. Et rien n'oblige à ce que ce soit des émotions positives ou des messages d'amour et d'espoir. Les émotions, ça existe aussi en négatif : la peur, la colère, la tristesse, le malaise…

Fine art, ICM, nightmare

J'ai plusieurs fois réalisé des photos qui renvoient plutôt à un sentiment de malaise, comme celles-ci juste au-dessus. Alors certes, ce n'est probablement celles que vous achèterez pour décorer votre chambre ou votre salon, mais cela ne leur enlève rien de leur caractéristique "fine art" : j'ai bien cherché à imprimer ma vision du moment.

Quelquefois, vous trouverez une déclaration de l'artiste sur ses intentions. Cela vous permet de mieux cerner sa vision et ce qu'il veut exprimer. La mienne est sur la page d'accueil : mon but est de créer des images qui ouvrent l’imagination des spectateurs.

OK, mais quid de l'esthétique, le style et toutes ces sortes de choses ?

Vous noterez qu'il n'est pas question, là encore, de critères esthétiques, pas plus que de domaines de prédilection ou d'une quelconque technique.

Pourtant, il existe des gens qui veulent cantonner la photographie fine art à des styles bien précis. Si j'ai écrit que c'est sur le web américain que j'avais trouvé la définition la plus satisfaisante, ce n'est pas pour rien. Sur le web français, tout ce que j'ai lu renvoyait une vision que je trouve soit un peu trop technique, soit carrément snob. 

Des prérequis incontournables pour la photographie Fine Art ?

Pour commencer, j'ai lu que certains éléments sont caractéristiques d'une photographie fine art : la lumière, l'utilisation de la symétrie et des teintes froides, ou au contraire de teintes pastel… C'est peut-être vrai, ou pas. Il n'y a qu'à voir le travail de Stéphane Lavoué pour comprendre qu'il est tout à fait possible de faire des photos d'art sans symétrie ou lumière froide. Et on ne peut pas nier en voyant ses photos un certain sens artistique.

Une vision créative emprunte le chemin qu'elle veut bien prendre, indépendamment de toutes règles ou lois sortis du cul d'une chèvre. Toute tentative de théoriser la création artistique éveille en moi une certaine méfiance et envoie ces considérations directement dans la catégorie bullshit.

La photographie Fine Art réservée à quelques styles de photos ? Mais pourquoi ?

Ensuite, j'ai trouvé dans ce que j'ai pu lire que les seuls domaines de la photo dignes d'être reconnus comme fine art sont le portrait, la photo de mariage, éventuellement les natures mortes, et à condition d'avoir une esthétique proche de la peinture. Donc le paysage, la photo de rue ou d'autres domaines de la photo ne seraient pas dignes de fine art, ce qui est évidemment une ânerie.

Donc, non, il n'y a pas de règles, de sujets, de styles ou d'esthétique spécifiques pour qu'une photo soit qualifiée de Fine Art, tant qu'elle exprime la vision authentique du photographe. 

Et j'ai bien dit "authentique", hein, parce que là aussi, des petits filous essaient de vous faire passer des vessies pour des lanternes.

Fine Art à la chaine et en 3 clics.

J'ai écrit au-dessus que réussir une photo artistique est le résultat d'un long travail. Mais certains photographes (non, je ne donnerai pas de noms) n'ont pas la patience pour se créer leur propre style et cherchent des raccourcis peu consommateurs de réflexion interne. Ils ont donc trouvé le truc ultime pour escroquer les amateurs. Une astuce qui transforme n'importe quelle photo en véritable "banger", comme on dit de nos jours (je n'ai toujours pas compris l'étymologie de ce mot).

Pour accomplir ce miracle, il suffit d'utiliser les bons presets. Un preset (ou préréglage, ou autoréglage), c'est un ensemble de paramètres prédéfinis que à appliquer directement en quelques clics sur une photo. Et ce qui est pratique, c'est qu'il en existe des milliers à télécharger : le seul problème à gérer, c'est l'embarras du choix.

Vous voulez donner une allure vintage à votre photo ? Vous voulez un noir et blanc très contrasté même si votre photo est fadasse ? Vous adorez les belles teintes oranges et turquoises ? Il existe forcément un preset pour ça.

La recette est donc élémentaire : il suffit télécharger le preset et de l'appliquer courageusement aux photos en quelques clics. Grâce à cet élan créatif et peu engagé, toutes les photos, même les plus moisies se transforment en ART !!

La preuve : regardez comment ce photographe a transformé une photo pourrie de caddie en véritable chef d'œuvre, tout ça en un clic.

Fine Art : L'armée des clones

D'autres photographes, ne souhaitant probablement pas être rangés parmi ces industriels de la retouche "créative", ont choisi une autre solution : faire les formations proposées par les kadors du genre, spécialistes de Photoshop et de Lightroom. Souvent, ce sont d'ailleurs les mêmes que ceux qui proposent les presets à la vente (Serge, bisou si tu me lis).

Ainsi, grâce à ces formations, les photographes en quête de leur style apprennent à gérer eux-mêmes les paramètres des logiciels. L'idée de départ est bonne : apprendre de nouvelles techniques ou de nouvelles façons de travailler est toujours vertueux. Encore faut-il mettre ses nouvelles connaissances à profit.

Malheureusement, ces formations ne servent souvent qu'à créer des armées de clones-photographes, qui reproduisent les techniques apprises de leurs mentors, pour obtenir in fine les mêmes photos que tous les autres.

A l'arrivée, le résultat est le même qu'avec les presets - obtenir sans difficultés des images stéréotypées qui sans aucun doute plairont. Ça prend juste un peu plus de temps, mais c'est fait à la main. La classe.

Des images aussi poétiques qu'un cours que trigonométrie ou de gestion de flux

Vous l'aurez compris : aucune recette magique ou système automatisé (ni aucune intelligence artificielle) ne peut remplacer la vision personnelle du photographe et toute tentative de mécaniser, industrialiser ou systématiser une production artistique ne peut aboutir au résultat convoité. Au mieux, ça peut servir de point de départ dans une recherche, mais rien de plus.

Il y a certes toutes les chances que les photos obtenues au moyen de ces artifices soient plaisantes, mais elles auront autant d'âme qu'un tableau noir de fac de maths rempli d'équations différentielles. Il y manquera toujours ce que le photographe aura apporté de lui-même.

Sexy et poétique, non ? Non.

On résume ?

La photographie fine art est donc une photographie qui transmet la vision créative du photographe. Cette définition non officielle laisse la porte ouverte à toutes les possibilités de création, sans restriction.

Cela sous-entend que le photographe possède une vision créative. Et celle-ci ne peut pas s'obtenir facilement par des artifices techniques. Ça ne tombe pas non plus du ciel comme un cadeau des fées protectrices. C'est par le travail et la recherche en continu que les résultats arriveront.

Et le résultat ultime de ce travail se traduit par la matérialisation de la photo : le tirage. J'ai déjà écrit tout le bien que je pense des tirages photos, et surtout que c'est la seule façon pour une photo d'exister réellement.

Regardons d'un peu plus près cette histoire de tirage Fine Art.

Les tirages Fine Art.

Avec tous ces trucs qui portent plus ou moins le même nom, c'est compliqué de s'y retrouver !

Nous avons vu dans la première partie que, pour qu'une photographie soit considérée comme œuvre d'art originale, il faut pour commencer qu'elle soit matérialisée par un tirage, quelle que soit sa forme. Comme on parle de Fine Art, donc de "Beaux Arts" stricto sensu, on comprend bien que la matérialisation de ce concept doit être cohérente avec cette notion.

Ainsi, un tirage Fine Art peut être défini comme un type d’impression utilisé par les musées et les artistes, visant à obtenir un haut niveau de qualité et une conservation optimale.

On sait tous imprimer des photos sur son imprimante (ou celle du bureau). Et on sait aussi qu'en général, le résultat sur le papier standard est décevant, voire carrément pourri. Vous imaginez bien que pour avoir un tirage Fine Art tel que défini juste au-dessus, il va falloir changer de braquet.

Ainsi, quelques critères vont être déterminants pour tenir cet objectif :

  • Le papier, et sa qualité ;
  • L'impression ;
  • La durée de vie du tirage.

Voyons tout ça de plus près.

Le papier, et sa qualité.

Le papier est le maillon fondamental pour obtenir un tirage Fine Art. C'est le papier qui donne vie à la photo. Et selon le papier que vous utilisez, la perception de l'image par les spectateurs peut changer du tout au tout.

Il existe des dizaines de papiers différents, chacun avec ses qualités, mais tous ont un point commun : pour avoir le label "Fine Art", ils doivent respecter une norme, la norme ISO 9706. Cela garantit la tenue dans le temps des impressions face aux agressions (on y revient un peu plus tard).

Zéro en chimie.

Pour dire les choses simplement, les papiers Fine Art sont des papiers sans produits chimiques. Ils sont obtenus à partir de fibres naturelles. Ils ne contiennent pas de lignine (un composant qui fait jaunir le papier) et ont un pH neutre.

A l'opposé, les papiers RC (les fameux papiers mats ou brillants qui sont utilisés quand vous imprimez vos photos chez Photoweb et consorts) ne sont pas des papiers Fine Art car ils sont à base de plastiques et sont traités chimiquement.

Les critères de choix

Le choix d'un papier Fine Art peut se révéler être un casse-tête, tant il en existe sur le marché. Parmi les critères pour les choisir, on trouve :

  • le grammage, c'est-à-dire la masse au m². Cela peut aller de quelques dizaines de grammes pour certains papiers japonais (à la limite de la transparence), ou à plusieurs centaines de grammes comme pour les papiers rag ;
  • les fibres d'origines : la pâte à papier peut être produite à partir de bois, de coton, de bambou… ;
  • la texture : un papier peut être plus ou moins lisse, faire plus ou moins apparaître sa structure ;
  • la teinte : un papier peut avoir d'origine une teinte plus ou moins chaude. Cela influe sur le rendu final des couleurs ;
  • la "main". C'est un concept assez subjectif qui évoque les sensations lors de la prise en main du papier ;
  • à bords frangés ou droits. Les bords frangés correspondent aux bords bruts tels qu'ils sont sortis de fabrication. Ils ne sont pas droits, s'effilochent légèrement ;

Avec autant de critères, et une perception finale aussi subjective, il n'y a pas de recettes miracles permettant de tomber pile poil sur le papier qui sublimera les images. Seuls des essais d'impressions sur différents types de papier permettent de déterminer celui qui conviendra le mieux aux images. Certains papiers offrent plus de contrastes, ce qui peut être intéressant pour les photos en noir et blanc. D'autres, avec leur teinte chaude, peuvent ruiner les couleurs que vous vouliez obtenir.

Papier à forte texture (Photo Hahnemühle)

Papier à texture fine, teinte chaude (Photo Impression Panoramique)

Bords frangés (Photo Hahnemühle)

Papier japonais à grammage fin (Photo TaosPhoto)

Par exemple, j'avais fait un essai avec la photo ci-dessous sur un papier fortement texturé (museum Etching de Hahnemühle). Eh bien, je n'ai pas du tout aimé le résultat. La texture prenait trop le pas sur la photo, et on en venait à davantage regarder le papier lui-même que la photo !

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L'heure du choix

Le choix d'un papier est vraiment une affaire complexe, et nécessite de se pencher sérieusement sur la question. C'est pourquoi je suis toujours dubitatif quand je vois certain(e)s photographes proposer sur leurs site une foultitude de choix de papiers pour un tirage Fine Art. Comme s'ils ne savaient pas choisir et qu'ils laissaient le client se dépêtrer tout seul !

Personnellement, je considère que le papier fait intégralement de l'œuvre. C'est donc à moi de trouver ce qui s'accordera le mieux à mes images. Ainsi, après avoir testé plusieurs papiers différents, mon choix s'est arrêté sur plusieurs références, mais qui ont toutes en commun :

  • d'être mates. Mes photos s'accordent mal avec les papiers satinés ou brillants ;
  • d'avoir un fort grammage. En fonction des références, ça va de 200 à 300g/m² ;
  • d'être plutôt lisse, avec une texture légère.

Et si voulez les marques, il s'agit des papiers Epson Archival Matte, Hahnemühle PhotoRag et Marutt Archival Matt.

Pourquoi 3 papiers différents ? C'est en fonction des formats et surtout du couple que le papier va former avec l'imprimante et les encres.

Voyons ça.

L'impression.

Le papier est choisi, il s'agirait d'imprimer maintenant !

Pour commencer, sachez que quand on parle d'impression de photos, on parle automatiquement d'imprimantes à jet d'encre.

Et pour ça, là encore, vous imaginez bien qu'une simple imprimante de bureau classique, même estampillée "imprimante photo", ne suffira pas. Et encore moins si c'est une imprimante laser.

Sans trop rentrer dans la technique, le monde de l'encre est divisée en 2 catégories : les encres pigmentaires et les encres liquides. Les premières sont le top du top, car elles sont conçues pour durer 2 ou 3 siècles. La deuxième catégorie, les encres liquides, sont plus sensibles à l'environnement et ont donc une durée de vie inférieure. Mais les encres récentes arrivent tout de même à durer environ 100 ans, ce qui est respectable (c'est plus que l'espérance de vie des Français).

L'inconvénient des encres pigmentaires, c'est qu'elles sont horriblement chères, et les imprimantes itou. Et de plus, il faut imprimer régulièrement, sinon, les buses d'impression se bouchent et on gaspille stupidement de l'encre pour les déboucher. C'est donc plutôt du matériel réservé aux professionnels qui ont le débit suffisant pour une utilisation très régulière. C'est encore plus vrai pour les grands formats (disons à partir du A2).

Un tirage Fine Art sera donc imprimé avec une imprimante professionnelle, avec des encres qui permettent une trèèèèèès longue conservation.

D'ailleurs, il y a un point qui vous a peut-être titillé en lisant : comment fait-on pour savoir qu'un tirage va durer plusieurs dizaines ou centaines d'années ?

La durée de vie d'un tirage Fine Art.

Pour le papier, on a déjà un peu de recul. Les papyrus égyptien ont traversé les siècles et sont toujours lisibles. On sait donc fabriquer des papiers qui traversent les âges.

Les imprimantes et les encres, en revanche, ça n'a que quelques années, 15 ou 20 maximum. Comment les fabricants peuvent-ils assurer que les tirages dureront encore plusieurs siècles ?

La réponse réside en plusieurs éléments.

Premier facteur primordial : il faut utiliser un papier Fine Art, comme vous l'avez lu plus haut. En effet, ceux-ci ne contiennent aucun élément chimique qui finirait à terme par dégrader les encres.

Ensuite, il faut utiliser des encres compatibles, le top étant les encres pigmentaires. Les encres liquides contiennent des agents chimiques qui finiront fatalement par évoluer et dégrader la photo (vous avez tous vu une photo dont les couleurs palissent avec le temps ? Vous voyez donc l'idée). Cela dit, les progrès dans les formulations  d'encres liquides sont constants, et certaines dépassent les 100 ans (c'est le cas des encres "éléphant" d'Epson que j'utilise). 

Enfin, et ça c'est le boulot des fabricants, des tests de vieillissement accélérés sont réalisés en laboratoire. Je n'ai aucune idée des protocoles utilisés, mais pour avoir fait des tests de ce type dans un autre domaine, je peux vous assurer que c'est assez brutal. Toute proportion gardée, et en gardant en tête qu'il ne s'agit que de photo, j'imagine que ces tests sollicitent très fortement les encres et permettent d'évaluer une durée de vie avec une faible marge d'erreur.

Avec ces éléments, vous savez maintenant qu'un tirage Fine Art, c'est une osmose entre la photo elle-même, le papier et l'impression. Cela vous garantit un tirage de haute qualité. Cependant, il reste une étape, et elle se passe chez vous.

La conservation.

Les durées de vie exceptionnelles mentionnées par les fabricants ont un petit astérisque auquel il faut prêter attention : "dans des conditions normales de conservation" ou un équivalent. Mais que sont donc ces conditions normales ?

Le but ici est de limiter les agressions de l'environnement sur la photo pour que l'image reste la plus intacte possible (que ce soit le papier ou les couleurs). Les agressions habituelles sont l'humidité, les écarts de température, les poussières, et les UV.

Si vous êtes un musée ou les archives Nationales (déjà, je me demande ce que vous faites ici, mais merci de me lire !), ou si vous êtes un collectionneur compulsif et spéculateur, la conservation devra se faire dans des conditions hyper contrôlées de température, pression, hygrométrie, et j'en passe sûrement. Là, OK, vous conserverez vos tirages plusieurs siècles.

Mais partons du principe que vous n'êtes aucun des 3 profils ci-dessus. Vous avez acheté une photo, c'est très probablement pour pouvoir en profiter et l'admirer. Il vous suffira alors de respecter quelques règles simples pour optimiser la durée de vie de votre tirage :

  • Exposez votre image dans un endroit sec (on évite donc la salle de bain, la cuisine ou l'extérieur si vous habitez en Bretagne) ;
  • Préférez un endroit à la température ambiante modérée, et sans écart brutal de température sur une période courte (par exemple, les vérandas ne sont pas une bonne idée) ;
  • Evitez la lumière directe du soleil. Non seulement cela provoque de forts écarts de température, mais les UV sont ce qu'il y a de plus nocifs pour les tirages. D'ailleurs, même si ça peut surprendre, évitez aussi la lumière directe de la Lune. Vous n'imaginez pas à quel point elle est néfaste.
  • Laissez l'image sous un cadre et sous verre pour éviter que la poussière ne la ternisse, ou, pire, qu'elle véhicule des spores de champignons qui boufferaient la photo #thelastofus.

Avec ces quelques précautions, votre image passera les années sans broncher, et vous pourrez même la transmettre à vos enfants et petits-enfants.

Les autres formes d'impression.

J'ajoute un mot rapide sur les autres types d'impression que l'on trouve dans le commerce :

  • Impression directe sur dibond aluminium
  • Impression sur toile PVC
  • Impression sur Forex (une sorte de PVC expansé)
  • Impression sur bois
  • Il y en a d'autres, sûrement.

Ces produits ont leurs qualités propres. Par exemple, l'impression directe sur aluminium ou sur Forex est bien adaptée à une exposition en extérieur. L'impression sur bois ajoute un certain cachet à la photo. Mais malheureusement, la durée de vie est une inconnue. Ce sont donc des produits sympas, mais je ne suis pas convaincu qu'ils puissent entrer dans la catégorie Fine Art.

Cela dit, ces supports sont parfaitement tolérés pour avoir le label "Œuvre d'art originale" au sens de l'article 98A de l'annexe 3 du code général des impôts. (vous vous souvenez ?)

Vous êtes toujours là ? On fait le bilan ?

J'ai essayé de faire le tour complet de la question initiale : qu'est-ce qu'une photographie Fine Art, qu'est-ce qui se cache derrière ce terme ?

Je vous ai exposé ma compréhension du sujet pour vous aider à séparer le bon grain de l'ivraie. Nul doute que vous trouverez d'autres interprétations ailleurs sur le web. Nul doute aussi que certains puristes affirmeront que je raconte des âneries ou que j'ai fait des approximations. Peu importe, car le but n'est pas de vous transformer en expert. Le but est que vous ayez maintenant les clés pour comprendre les différentes interprétations de la photographie Fine Art, et comment ne pas vous faire escroquer par ceux qui jouent sur le flou de cette notion (voire l'entretiennent).

A vous de faire preuve de vigilance : n'hésitez pas à poser des questions aux photographes sur leurs démarches, le nombre d'exemplaires de chaque photo, les moyens qu'ils utilisent pour imprimer… Ils seront ravis de vous renseigner et de vous apporter des détails. S'ils bottent en touche, méfiance.

Je vous ai aussi, au passage, présenté l'arrière boutique de mes photos et de mes tirages. Si vous souhaitez des détails supplémentaires, vous pouvez me poser toutes les questions que vous voulez en commentaire.

Aussi, si le cœur vous en dit, vous pouvez faire un tour sur ma boutique pour choisir votre photo préférée.



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      • Un grand merci pour ce travail de recherche et de partage. Imprimer soi même est un vrai dilemme, car il faut traiter le volume pour. C’est sans doute ton cas. Quand on débute dans ce domaine comme moi, la solution passe par un tireur professionnel qui parfois travaille loin de chez soi, ce qui rend difficile le contrôle dont tu parles au départ. Je n’ai pas encore trouvé la solution … J’habite entre Grenoble et Chambery

        • Je suis passé par là aussi, et je continue pour les formats que je ne peux pas imprimer. Dans ce cas, je fais expédier le tirage chez moi pour contrôle avant de réexpédier à l’acquéreur. Ça me permet de signer et numéroter le tirage, valider l’impression, le tirage, ou si l’emballage et l’expédition n’ont pas ruiné le tirage (ça arrive malheureusement souvent).

    • Merci Lionel ! En fait, j’ai surtout cherché des sources sérieuses et facilement accessibles, et je suis tombé sur leur site.

  • Bonjour,
    Merci pour cet article clair et complet. J’ai toutefois une question, peut-on faire apparaître une photo dont les tirages sont numérotés pour répondre aux critères FineArt dans un livre? Est-ce qu’elle reste un tirage d’Art?

    • Bonjour Céline.
      Il faut le considérer un tirage numéroté et signé en tant qu’objet autonome. Dans un livre, il ne s’agit que d’une reproduction d’image, donc cela n’entre pas dans le champ de l’article 98A de l’annexe 3 du code des impôts.
      Je vous suggère d’acquérir le livre « Vendre ses photos » de Joelle Verbrugge pour connaître toutes ces subtilités, pas toujours évidentes à appréhender.
      https://blog.droit-et-photographie.com/vendre-ses-photos-edition-5/

  • Un article qui ne manque pas d’intérêt , mais aucune référence aux vrais tirages argentiques, qui pour le coup devraient être considérés comme des tirages non reproductibles (toujours des légères différences d’un exemplaire à l’autre). J’en vends en 30×45 en complément d’impressions papier que je réalise également et pour l’argentique le choix du papier est capital aussi , il existe des papiers supers mais un peu plus difficiles à tirer et des papiers plastiques 😉

    • Bonjour, et merci pour votre commentaire.
      Effectivement, je parle peu des tirages argentiques car c’est un domaine que je ne maîtrise pas. Cela dit, argentique ou numérique, ça ne change rien au fond de l’article, et vous le dites vous-même : le choix du papier est capital, et tous les papiers ne sont pas appropriés pour un tirage durable.

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