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mars 26

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Parlons argent, parlons tarifs

By ManuBZH

mars 26, 2020


Au départ, je n’envisageais pas vraiment de vendre mes photos. Je les partageais sur Insta ou Facebook, et ça n’allait pas plus loin. Puis un jour, quelqu’un m’a demandé si je vendais mes photos. Je me suis alors intéressé au sujet, à savoir comment on vendait une photo, dans quel contexte juridique, réglementaire et fiscal je devais m’inscrire, etc… Bref, comme à mon habitude, j’ai analysé un minimum la situation avant de me lancer corps et âme. Je ne voulais pas être hors-la-loi, ni faire preuve de concurrence déloyale. Pour la petite histoire, la personne qui m’avait posé la question n’a jamais passé commande. Je la remercie quand même, car sans elle, je ne sais pas si je me serais lancé.

LA question

Vient alors LA question qui peut se poser de plusieurs façons : quel tarif pour une photo ? A quel prix vendre une photo ? Comment estimer le prix d’une photo ?

On peut trouver quelques éléments de réponses en furetant sur le net, mais très souvent, ça parle de tarification de prestation, de droits d’auteur, de séance de shooting, etc… C’est-à-dire, rien qui ne se rapproche de mon cas : je ne produis que des « œuvres », un peu comme un peintre ne produit que des tableaux. Je mets le mot « œuvre » entre guillemets, car j’ai encore du mal à me faire à l’idée que ce que je fais puisse être classé dans la catégorie « art » (mon syndrome de l’imposteur se porte bien, sinon…).

Bref, comment quantifier et valoriser une démarche artistique ? 

Un peu de littérature

Je me suis alors un peu documenté. Certains achètent des presets Lightroom totalement inutiles, d’autres des foultitudes de matos pour se sentir meilleurs, moi, j’achète ce genre de littérature :

Tous ces bouquins abordent des thèmes ultra sexy :

  • le statut fiscal des photographes
  • être ou non en franchise de TVA,
  • que mettre dans un devis
  • les droits de représentation dans une exposition
  • et j’en passe…

C’est certes un peu aride. C’est pourtant essentiel à mes yeux pour ne pas faire n’importe quoi, comme par exemple vendre au black.

A noter que les évolutions dans le domaine fiscal ou administratif vont bon train. Ainsi, les bouquins « vendre ses photos » et « Profession photographe indépendant » ont été mis à jour en 2019.

Toutes ces lectures et renseignements, c’est instructif, mais ensuite, est-ce que ça résout la question initiale ? Eh bien, oui et non. Ça permet seulement de donner des clés pour se dépatouiller, à chacun ensuite de se débrouiller !  

J’ai alors réfléchi à plusieurs méthodes.


Disclaimer

La suite de ce texte présente MA compréhension du sujet et MA façon de raisonner et de procéder en fonction de MA situation. Je n’ai aucune autre volonté que de partager mon expérience qui ne se veut pas universelle. Si vous souhaitez discuter, les commentaires sont ouverts.


L’étalonnage concurrentiel

La première méthode a été de faire de l’étalonnage concurrentiel, comme on dit dans le novlangue. En clair, aller espionner les tarifs des autres photographes et se caler dessus.

Mauvaise idée, tant on y trouve vraiment de tout. Pour un même format, ça peut aller du simple au décuple, voire plus ! Pour un format de 60×40 par exemple, j’ai vu des prix de 60€ à 800 €… Pas évident, pour quelqu’un qui se cherche comme moi, de positionner le curseur avec de tels écarts.

Cherchons donc une autre méthode.

Calcul basé sur le temps passé

La deuxième méthode a été de bricoler un mic-mac à base de temps passé, de taux horaire, de coûts et autres trucs poétiques.

Conscient qu’une photo possède une valeur artistique intrinsèque, j’ai même tenu compte de ce point dans mon chiffrage. Le truc qui m’a bloqué dans cette méthode, c’est qu’un artiste ne crée pas 8h/jour, et rien le reste du temps, il est constamment dans cette démarche, donc l’idée d’un taux horaire est hors sujet.

Exit donc cette usine à gaz. Trouvons autre chose.

Calcul basé sur la fiscalité.

La troisième est presque aussi poétique que la précédente, mais en plus simple.

Fiscalement, je suis en franchise de TVA. Cela veut dire que je ne la déclare pas, ni ne la déduit de mes achats. Ce n’est pas la meilleure méthode pour s’en mettre plein les fouilles, mais ça a le mérite de me simplifier la vie côté compta.

Je déclare simplement mon chiffre d’affaires sur ma feuille d’impôts. Sur cette somme, le fisc considère que j’ai eu 34% de frais, point barre. Pris dans l’autre sens, cela veut dire que le total de mes coûts doivent être inférieur à 34% du prix de vente.

Ainsi, pour calculer le prix de vente d’une photo, il suffit d’additionner tous les coûts (frais d’impression, de transport, licence de logiciel, amortissement de matériel…), diviser la somme par 0.34, et le tour est joué ! On est loin de l’image romantique de l’artiste. On oublie aussi au passage la valeur artistique intrinsèque de l’œuvre.

Mais après tout, c’est rapide, facile, ça peut toujours servir de point de départ. Le montant calculé sert de valeur minimum pour ne pas y perdre sur la feuille d’impôts.

Mais on peut encore faire mieux.

Calcul basé sur la valeur intrinsèque de l’oeuvre

La quatrième méthode, je l’ai trouvée dans le livre ci-dessus, « les tarifs et le devis du photographe » d’Eric Delamarre. Celui-ci anime sur Facebook un groupe d’entraide pour photographes cherchant à y voir clair dans les prix à facturer et les nimbes administratives ou fiscales.

Dans ce livre, il explique qu’une photo d’art doit avoir une valeur par elle même, à laquelle vient s’ajouter les coûts de production (impression, cadre, etc…) Il propose une méthode d’évaluation de cette valeur, avec comme critères

  • le format de la photo ;
  • le nombre d’exemplaires (un exemplaire unique possède une valeur supérieure à une photo tirée à 30 exemplaires) ;
  • la renommée du photographe (soit, dans mon cas, quasi rien :-D)

Je suis bien plus en phase avec cette méthode.

J’accorde beaucoup de temps (et d’argent) à fabriquer mes images, à les retravailler, pour en faire ce qu’elles sont (qu’on aime ou pas n’est pas la question). J’estime que démarche, cette implication, cette création a de la valeur qui doit se traduire sur le prix de vente.

Une oeuvre vaut plus que le prix de son support

Il faut que je m’arrête un peu sur ce dernier point. Je vois souvent des photos en vente à des tarifs proches des prix d’impression. Pour donner un exemple, une photo qui coûte 50€ à imprimer sera vendue 60€.

En supposant qu’il ne s’agisse pas de vente au black, ni que le photographe en question soit un amateur faisant preuve de concurrence déloyale, cela me laisse assez dubitatif sur la valeur qu’accorde le photographe à son propre travail.

Considère-t-il que le travail de l’imprimeur, qui n’est finalement que technique – ce qui n’exclut pas d’être de qualité – vaut plus que sa propre création ?

La photo aujourd’hui est attaquée par les plateformes de parasites comme Meero ou par les stocks de photos quasi gratuites comme Adobe Stock. Ainsi, je ne pense pas que cette façon qu’ont les photographes de dévaloriser leur travail soit de nature à plaider leur cause.

Calculer le prix d’une photo : ma méthode

Mais revenons à la question initiale, donner un prix à une photo.

Au bout du compte, comment m’en suis-je sorti ? J’ai fait un mix de la troisième et de la quatrième méthode.

La quatrième méthode, même si j’adhère complètement à sa philosophie, conduit à obtenir des tarifs un peu trop élevés à mon goût. Et même en mettant les curseurs au minimum.

Je ne jouis pas (encore) d’une renommée mondiale. Je ne fais pas de photoreportage dans des zones à risques. Je ne m’estime donc pas (encore) vraiment légitime pour facturer 800€ une photo. Certains le font sans état d’âmes, tant mieux pour eux.

Je pondère donc le résultat, en m’assurant que je ne descend pas au dessous du seuil obtenu par la troisième méthode. J’obtiens donc un équilibre entre valeur artistique et prix acceptable.

C’est certes plus élevé que les prix pratiqués par les photographes que j’évoque ci-dessus, mais je ne vise pas les gros volumes de vente (même si je n’aurais rien contre !) et je tiens à être réglo. Chacun sa conscience 🙂

Il faudra quand même que je me détache de cette façon de penser. En raisonnant ainsi, je projette mes peurs et angoisses sur l’acheteur. Si ça se trouve, celui-ci pourrait très bien avoir l’impression de faire une bonne affaire en achetant une photo à 1000€ !

En résumé

Que faut-il retenir de tout ça ? 

  1. Que le prix d’une photo n’est pas une science exacte, et que c’est à chacun de se le calculer. 
  2. Qu’une photo possède une valeur en elle-même, et que cette valeur doit se retrouver dans le prix. Un photographe qui ne vend qu’au prix que lui aura coûté son impression considère donc que son propre travail ne vaut rien.
  3. Que les prix que j’affiche sont soigneusement calculés, en tenant compte de la valeur que j’accorde à mon travail, mais en tempérant assez résolument.

Vous savez maintenant tout des arcanes de ma féérie comptable. Il ne vous reste plus qu’à aller visiter mes galeries photos et à vous faire plaisir ! N’oubliez pas non plus de faire un tour sur cette page pour tout connaître du déroulement d’une commande.


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