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avril 3

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Le phare à la dérive

By ManuBZH

avril 3, 2022


Ça y est, cette foutue journée est terminée.

Répondre à toutes ces sollicitations qui déboulent à tout-va. Ne pas savoir où donner de la tête. Se demander à quoi a encore pu servir cette énième réunion. Et ce machin qui ne fonctionne pas, cette livraison encore reportée…

Quelques fois, pas si rares, on ne voit même pas la lumière naturelle. Et pire encore, imaginez dans ces grandes tours en acier et en verre, même l’air est artificiel.

Bref, il y a des moments où tout nous paraît loin de l’essentiel.

Moi aussi, ça m’arrive. Ce n’est pas tout le temps, heureusement, ça ne me pousse pas à renverser la table et tout plaquer, mais ce sont tout de même des moments pénibles à traverser.

Comme ce jour-là, c’était 2019. J’ai eu besoin de prendre l’air, d’évacuer ce trop plein dans mon cerveau. Alors comme souvent dans ces cas-là, je pars sur la côte voir l’horizon, et respirer.

Direction la pointe de Kermorvan, au Conquet.

Je vous emmène avec moi ?

Sas de décompression.

J’aime beaucoup cet endroit. C’est un mélange de tout ce qui fait l’identité de la Bretagne, sur à peine quelques kilomètres carrés. On passe de falaises de granit déchiquetées et abruptes à une petite plage, de lande sauvage au sentier côtier balisé. Les fans d’histoires apprécieront les 2 forts du XIXè siècle et les blockhaus du plus pur style années 40.

Et évidemment, la mer est présente à quasiment 360 degrés, avec les iles du Ponant en fond de tableau et le point d’orgue de ce bout de terre, le phare. Vraiment, c’est ici un concentré de Bretagne maritime.

Et puis, cette pointe a un énorme atout : le parking est loin. Ça limite les pollutions visuelles dues aux bagnoles et à la foule. Je viens ici pour me ressourcer et y trouver du calme, ce n’est pas pour y trouver des milliers de personnes qui attendent chacune leur tour pour faire la même photo ou qui se disputent pour une place de stationnement.

Pour commencer, il faut donc marcher pour gagner l’extrémité de la pointe et y découvrir le phare ou le fort de l’Ilette. 1 gros kilomètre, c’est presque rien, et pourtant, ça change tout. Cette marche fait office de sas de compression.

Voici pourquoi.

Je ne suis pas du genre à passer vite fait sur un spot, 30 secondes sur place, clic-clac Kodak et je pars voir ailleurs. Non, quand je fais une séance de photos, j’ai besoin de prendre mon temps, de m’imprégner des lieux, de le ressentir. Ainsi, cette marche sur le sentier me vide la tête. Elle purge tous les miasmes de la journée et me met en condition. Je prends ainsi le temps d’apprécier l’endroit et de voir émerger – saisissant spectacle – la tour carrée du phare de Kermorvan au fur et à mesure que j’avance vers elle. Elle est encore loin, et pourtant, à chaque fois, j’ai l’impression que je pourrais la toucher en tendant le bras.

On ne peut qu’être soufflé par la majestuosité du spectacle qui s’offre. Mes yeux s’embuent un peu à chaque fois (mais c’est peut-être aussi dû au vent omniprésent).

Sur place, je suis seul : juste le site, le vent, la mer et moi. Le luxe ultime.

Il est temps de sortir l’appareil photo.

Sauf que…

Se tromper, réessayer, jusqu’au résultat final.

Je me suis tellement vidé la tête que je n’ai pas vu venir la panne d’inspiration.

La tuile.

Mais j’ai compris ce qu’il se passait.

J’ai déjà photographié ce site sous tous ces angles, avec toutes sortes de lumières. J’ai même obtenu quelques images dont je suis plutôt fiers, comme les 2 ci-dessous. Et quand j’obtiens des photos que j’estime satisfaisantes, je ne vois pas l’intérêt de reproduire ces images sans arrêt, toujours au même endroit, avec le même cadrage, le même angle, etc.

De plus, comme souvent avec ces sites un peu trop célèbres, ils sont photographiés des milliers de fois sous toutes les coutures, et ça devient compliqué d’en tirer des images originales.

Panne d’inspiration, donc. Mais ça aurait été dommage de rester planté là, à me lamenter sur mon sort au lieu de chercher un souffle nouveau pour mettre en valeur ce site.

Fort heureusement, j’étais déjà dans une démarche de recherche de nouvelles façons de photographier. J’avais déjà fait quelques tests de photos en mouvement. Je me suis donc décidé à continuer ces expérimentations.

Ah, ça, j’ai expérimenté ! Et j’en ai fait, des erreurs. Je ne savais pas encore dominer les lumières. les mouvements, les flous, les reflets… Mais ce n’est pas grave : j’ai découvert une floppée de trucs et astuces que j’exploite maintenant.

Mais surtout, j’ai pris un plaisir infini à déclencher, un peu comme un gamin qui découvre un nouveau jeu !

J’ai donc pris le temps de tester différentes prises de vues, différentes façons d’interpréter ce paysage ultra-photographié en quelque chose d’inattendu. Ça sert à ça, les essais. Se tromper, réessayer, jusqu’au résultat final.

Au total, j’ai pris 143 photos. Ça en fait, des tests ! Et c’est aussi là qu’une surprise m’attendais : avec cette profusion d’images, je ne me suis pas rendu compte sur le moment que j’avais réussi celle-là.

Et à la fin, un phare à la dérive

Ce n’est qu’au retour, après le tri des photos, qu’elle a émergé parmi les autres. En effet, elle possède exactement ce que je cherche à obtenir dans une photographie.

Avant même de la parfaire avec le post-traitement, cette photo porte intrinsèquement une histoire comme je les aime : une situation a priori classique (un phare au bord de la mer pris au coucher de soleil), mais complètement retournée pour en tirer une nouvelle interprétation. Je n’ai eu qu’à faire ressortir l’ensemble en rehaussant les formes et les couleurs.

Les repères sont alors totalement inversés : la robuste tour carrée du phare, solidement ancrée sur son socle de granit, se met à voguer sur l’océan. Le point de repère fixe pour des générations de marins se retrouve au même niveau qu’eux : être à la dérive, à la merci des courants.

Avec cette photo aux couleurs douces, vous vous sentirez emportés vers des lieux fantastiques et oniriques, vous vous ouvrirez à la poésie d’un voyage imaginaire.

J’ai choisi de rendre disponible cette photo en tirage d’art, numéroté et signé, avec certificat de conformité. Il suffit de cliquer dessus.

Le phare à la dérive

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  • J'aime beaucoup votre démarche photographique, même nous, les amateurs, on se retrouve devant des sites photographiés des milliers de fois et à moins de revenir contents de ramener SON cliché, moi aussi je l'ai fait! à quoi bon….. Ors ce qui m'intéresse c'est de capter l'impression que j'ai ressenti, et l'ICM permet cette interprétation, chaque cliché étant unique et non reproductible. En octobre, je retourne à Venise, et je n'ai aucunement l'intention de photographier classiquement cette ville tellement photographiée, et par de bien meilleurs photographes que moi. Je compte bien me laisser surprendre en utilisant cette technique, juste peur de ne rapporter que de la bouillie!
    En tous cas, merci de nous enchanter avec vos belles photos, moi qui me font rêver.

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