Ce jour de septembre, je me suis retrouvé à Guidel-Plage, avec 2 heures à tuer. Tu conviendras qu’il y a pire destination pour passer le temps, surtout que la météo a décidé de rester calée en été. Ayant prévu le coup, je suis évidemment parti avec de quoi faire quelques images. Cependant, la plage en elle-même, qui plus est en pleine journée et en plein soleil, ne m’a jamais beaucoup inspiré : c’est plat, plein de monde (je t’ai déjà dit que je n’aime pas avoir des gens sur mes photos ?), et je n’ai pas la patience de rester posté en attendant qu’une situation intéressante ou cocasse survienne. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir trouver qui vaille le coup de sortir l’appareil ?

Je déambule donc mollement sur la plage, j’ai même trompé l’ennui en essayant de prendre les chardons bleus en gros plan, c’est dire mon affliction. Je regarde les quelques personnes arrivées en ce début d’après-midi en train de draper leurs serviettes et ouvrir leurs parasols, puis une chose commence à me titiller : toutes les personnes que j’ai pu voir s’installent face à la mer et restent devant à la contempler. Je commence à les photographier, de dos, pour que l’image aille dans la même direction que leur regard. Je crois que je tiens un truc.

J’ai continué à arpenter la plage, depuis le sentier qui la surplombe, à chercher à exploiter cette idée. C’est fou le nombre de personnes qui adoptent cette attitude, entre contemplation et relaxation. La mer leur apporte un je ne sais quoi de bien-être, et elles y plongent leur esprit en entier, laissant leur enveloppe charnelle cramer paisiblement sur le sable.

J’ai dû arrêter ma série, non seulement parce que je n’avais plus trop le temps, mais surtout parce que le monde s’est mis à affluer, violant la tranquillité de ces contempleurs d’infini.

Je t’ai dit que je n’aimais pas trop photographier les gens ? Et je t’ai dit aussi que je n’étais pas à un paradoxe près ?