Quand je fais une sortie photo, je commence par ne rien photographier.
Même si ce que j'ai devant les yeux est fabuleux.
Surtout si ce que j'ai devant les yeux est fabuleux.
L'appareil photo reste bien sagement dans mon sac à dos.
La raison est simple, et un peu égoïste : avant de déclencher à tout bout de champ, j'ai d'abord besoin de ralentir le temps, et de m'imprégner des lieux. Et de profiter de l'endroit et du moment.
Je ne suis pas du genre à aller sur un spot, à prendre vite fait quelques photos du coin et passer à autre chose.
J'arpente les sentiers ou les routes. Je profite du spectacle. Les photos attendront.
J'ai besoin de sentir l'air. De saisir la lumière. De découvrir l'environnement : ses pépites, ses coins cachés, ses défauts.
Alors seulement, je commence à visualiser le type d'images que je vais chercher.
Car oui, il faut que j'aille chercher les images : elles ne viennent pas à moi comme ça, spontanément.
Je l'ai constaté à maintes reprises, pour moi comme pour beaucoup d'autres photographes, professionnels et amateurs : si une image est trop évidente à obtenir, alors il y aura 99% de chance qu'elle soit au mieux banale, au pire mauvaise.
Et je n'ai pas spécialement envie de créer des images banales. Je veux des images jamais vues auparavant, qui vous transportent ailleurs.
Ainsi, je vais sonder, fouiller, étudier les lieux pour dénicher un point de vue, une lumière ou une composition, en imaginant un récit ou en visualisant un résultat.
C'est uniquement après cette phase d'assimilation, que vient le moment de sortir l'appareil.

Photo issue de ma série Aquarelle