5 erreurs que j’ai faites (et comment je m’en suis sorti)

5 erreurs que j’ai faites (et comment je m’en suis sorti)

Vous vous promenez un jour, disons dans une exposition. Vous regardez les différentes œuvres présentées, et vous en appréciez le rendu, la finesse, peut-être même la maîtrise de l'artiste pour susciter autant d'émotions.

Mais dans cette exposition, comme partout ailleurs - et vous ne le savez pas forcément - vous ne voyez pas tout, on vous cache des choses ! 

Cette entrée en matière un brin complotiste n'a pour but que de vous présenter la face cachée d'un travail artistique, et d'énoncer une vérité largement sous-évaluée :

Quand vous regardez une œuvre, vous ne regardez en fait qu'un aboutissement.

Que ce soit pour une peinture, une sculpture, dans le domaine musical, et évidemment dans la photographie, ce que vous avez devant les yeux ne représente que la photo finish d'un long marathon parcouru par l'artiste.

Erreurs, échecs et apprentissage

Vous ne voyez pas les années d'apprentissage, de recherche, d'échecs, de remises en question, de mises au point, de réglages, de gestes reproduits au millimètre qui ont permis de faire naître ce que vous regardez. 

Et le long chemin de l'apprentissage est jonché de pièges et d'erreurs de toutes sortes. Des erreurs de débutants, des erreurs de technique, des erreurs dans la direction à prendre… Ce n'est pas les occasions de se planter qui manquent.

Et bien entendu, vous vous en doutez, je suis passé par là.

Il se trouve que mon style de photographie est déserté par les formations et les professionnels de la profession. Je n'ai donc pas eu d'autre solution qu'apprendre en autodidacte. Alors je vous le dis, des erreurs, j'en ai fait plus souvent qu'à mon tour.

Je vous dépeins dans la suite de cet article les 5 principales erreurs que j'ai pu commettre quand je me suis lancé dans cette photographie inhabituelle.

Et comme je n'ai pas peur du ridicule, je vous donne même à voir quelques photos bien ratées.

Allons y gaiement.

L'erreur de débutant : partir dans tous les sens

La découverte de l'ICM a été une révélation : un univers entier de possibilités s'ouvrait à moi. Et c'est avec la fougue du débutant avide de nouvelles expériences que j'ai commencé à photographier tous azimuts.

Je photographiais dans tous les sens, au sens propre (sans mauvais jeu de mots). Eh bien, figurez-vous que ce n'était pas une bonne idée : les résultats étaient loin de ceux que je m'étais mis en tête.

C'est ma première erreur : déclencher et pratiquer les mouvements au pif, sans réfléchir à la finalité.

C'est alors que j'ai débuté ma longue phase d'apprentissage, qui continue toujours aujourd'hui. Celle-ci consiste à trouver l'équilibre entre mouvements, composition, temps de pose et lumière, tout en intégrant les éléments ambiants (environnement, météo, etc.). Autant dire qu'il s'agit de faire entrer des carrés dans des ronds.

Avec l'expérience grandissante, maintenant, je ne pars plus bille en tête à déclencher avec frénésie. Je passe d'abord du temps à analyser la scène et examiner ce que je peux en tirer. Mais comme, dans cette partie du monde qu'est la Bretagne, la lumière peut très vite changer, il faut sans arrêt s'adapter aux nouvelles conditions et réanalyser la scène. Sans oublier, au passage, de faire des photos, car je suis tout de même là pour ça.

Cette gymnastique incessante conduit par moment à rater le bon créneau pour obtenir THE photo. C'est comme ça, ce n'est pas grave.

Heureusement, il arrive aussi que la magie opère. Comme pour cette photo par exemple, dans laquelle j'ai délibérément amené la lumière sur le phare.

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L'erreur perverse : la fausse bonne idée

Il arrive aussi que la magie se mette en grève et refuse de se manifester, malgré ma conviction d'être devant une scène incroyable.

Ça m'est souvent arrivé. J'avais beau tout essayer, rien à faire, nada. Les photos que je prenais étaient termes, fades et sans relief. Ou, au contraire, je les trouvais surchargées, aussi bordéliques et inintéressantes que les meilleurs débats à l'assemblée nationale.

Il m'a fallu du temps pour comprendre ma deuxième erreur. Et pourtant, la raison était simple : ma scène manquait d'un sujet bien franc. Soit parce qu'il n'était pas bien détaché de son environnement, soit parce que j'ajoutais au cours de la prise de vue trop d'éléments qui le noyait dans un magma informe de détails.

Par exemple, ces bateaux de la Marine Nationale qui attendent sagement de partir à la ferraille.  Même si je suis sûr qu'il y a moyen de tirer quelque chose de sympa de cette scène, rien ne va : zéro contraste, les navires sont quasiment de la même couleur que l'eau (remarquez, c'est un peu volontaire !), le fond végétal est dans les mêmes tons, et la lumière est grise.

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J'ai donc simplifié mes compositions :

  1. Toujours avoir un contraste suffisant entre le sujet et son environnement
  2. Supprimer du cadre tout ce qui gênera l'image finale.

Ce deuxième point est plus complexe à obtenir car les mouvements aléatoires que je produis peuvent facilement déborder et intégrer sans que je le veuille des scories. C'est d'autant plus vrai que la focale utilisée est soit longue, soit au contraire très courte : le moindre millimètre de trop se traduit sur l'image par des éléments parasites.

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Un bel exemple de fausse bonne idée : vouloir superposer trop d'éléments. Résultat : un bazar illisible, sans sujet prédominant.

Alors, on pourrait se dire : "ce n'est pas grave, je supprimerai ça à la retouche".

Certes, oui.

Mais, en fait, non.

C'est ma troisième erreur.

L'erreur du paresseux : tout miser sur la retouche.

La post production est une étape incontournable pour les images que je veux obtenir. Il s'agit de faire ressortir le sujet de la photo, ajuster les couleurs, les contrastes, enlever les tâches de poussières, etc.

Plusieurs fois, j'ai voulu sauver une photo à laquelle j'accordais beaucoup d'importance, mais polluée par des éléments perturbateurs. Et à chaque fois, à l'arrivée, ça donnait un résultat bancal, trop "forcé".

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Il faut savoir admettre quand une photo est naze. Et le moment est venu avec celle-ci. La photo de départ était ratée, et j'ai eu beau la trafiquer à grands coups de curseurs de tonalité ou de texture, il n'y a rien à en tirer.

J'en ai tiré une leçon qui peut paraître évidente, et pourtant rarement mise en pratique : si la prise de vue n'est pas bonne dès le départ, l'image finale sera pourrie. Aucun logiciel, si perfectionné soit-il, ne redonnera la vie à une image morte-née. Il vaut mieux se résigner à un "tant pis pour cette image" qu'à un résultat artificiel et sans âme.

Et pourtant, c'est tentant de jouer avec les possibilités de ces logiciels. Au point de finir par faire n'importe quoi.

L'erreur du créatif sans limites : aller trop loin

Même si la prise de vue est bonne, il reste un long chemin à parcourir pour obtenir une image extraordinaire. Et avec les logiciels de retouche, la tentation est grande de jouer avec les curseurs, dans un sens ou dans l'autre. On peut donner des interprétations de la même photo totalement différentes selon si on a activé tel ou tel réglage. Et malheureusement, on peut facilement aller trop loin dans les réglages et donner un résultat crado ou putassier, comme la photo juste au-dessus.

Mais j'ai été confronté à une autre façon d'aller trop loin, plus tordue que la simple manipulation technique.

Trop d'abstraction tue l'abstraction

Au départ, débutant dans la photographie ICM, j'allais chercher mon inspiration dans les travaux des autres. Et évidemment, comme dans tous les domaines, on trouve du bon et du moins bon, et du franchement naze. Donc autant ne prendre que le bon, le reste ne mérite pas que l'on y consacre du temps et de l'énergie.

Dans toute cette bonne partie, j'avais remarqué que j'étais attiré par les paysages suggérés, éthérés, à la limite de l'abstraction. Banco, me suis-je dit, ça, ça me parle.

Mais un peu comme les curseurs poussés trop loin, j'allais un peu trop franchement dans l'abstraction. Mes images finissaient par ressembler à un amas de forme et de couleurs qui me plaisait, certes, mais que j'étais le seul à comprendre. Enfin, disons que sans l'apport de substances illicites, il était impossible pour quelqu'un d'interpréter mes photos.

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Tentative de représentation du vent. Mouaif...

Même si je suis du genre à clamer qu'il faut faire ce que l'on aime, et fuck l'avis des autres, à un moment donné (ou amandonné, comme on dit en toulousain), il faut quand même trouver un équilibre pour que les œuvres puissent un minimum parler à d'autres personnes. Sans quoi, ça s'appelle de l'onanisme : on se fait plaisir tout seul dans son coin, sans que les autres ne ressentent quoi que ce soit.

La recette (presque) miracle.

Je faisais donc de l'onanisme photographique. Argh.

Tout le travail après cette prise de conscience a été de trouver cet équilibre entre réel et abstraction. Ce travail est est en outre compliqué par mes prises de vues qui ne fournissent pas de photographies toutes faites prêtes à exploiter. Elles ne sont qu'une matière première dont il faut encore extraire et révéler la substance magique.

Et pour extraire cette substance, j'ai trouvé que le meilleur moyen c'était d'avoir quelque chose à dire avec mes photos, et, en miroir, qu'elles parlent à celles et ceux qui les regardent Je voulais m'affranchir du côté contemplatif de l'abstraction pour proposer des photos qui emmènent les spectatrices et spectateurs vers des contrées qu'ils ne soupçonnent même pas.

Vers l'Ile d'Avalon

Mais là encore, pour arriver à ce résultat, une dernière erreur restait à contourner.

L'erreur du geek : privilégier la technique par rapport à l'image

Le dernier écueil sur lequel je me suis fracassé dès le début, mais sans le savoir, a été beaucoup plus sioux à déceler.

Comme je l'ai écrit plus haut, j'ai beaucoup expérimenté. J'ai testé des milliers de combinaisons possibles entre les mouvements, les temps de pose et la composition. De la même façon, je testais toutes sortes de réglages en post-production. J'étais dans ma phase où j'avais tout à découvrir, donc j'étais très focalisé sur le résultat que je voulais atteindre. Et, malgré tout, j'avais du mal à être satisfait du résultat. Les photos étaient plutôt réussies, en tous cas selon mes critères, mais il leur manquait un je ne sais quoi qui les laissaient dans une espèce de zone grise.

La raison de cette déception a fini par jaillir : je me concentrais trop sur l'aspect technique et j'oubliais de donner un sens à la photo. Je privilégiais le comment sur le pourquoi. Certes, les images finissaient par ressembler à quelque chose, mais elles étaient dévitalisées et n'avaient rien à raconter ou à suggérer. Je produisais des images inertes, dévitalisées.

Une fois parvenu à cette prise de conscience, j'avais accompli les 3/4 du chemin vers la solution. Le reste n'était qu'adaptation.

J'ai transformé mon "processus" de prise de vue et de création pour que le "comment" et le "pourquoi" travaillent ensemble, au lieu d'être cloisonnés chacun dans leurs coins.

Ce processus est simple, mais difficile à apprivoiser : je me laisse guider par l'image elle-même. Au fur et à mesure qu'elle se révèle, toutes mes influences, mes inspirations ou mes émotions diverses l'infusent pour parvenir à l'image finale.

Ça a l'air ésotérique dit comme ça. C'est pourtant ainsi que ça fonctionne le mieux pour moi.

Et le résultat est devenu miraculeusement bien supérieur.

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Eruption solaire

Conclusion : faire des erreurs, oui, mais...

Commettre des erreurs, c'est normal, ce n'est pas grave. Et mieux encore, ça fait partie de l'apprentissage. C'est grâce à ces erreurs que j'ai pu perfectionner ma technique et obtenir mes images telles que vous pouvez les voir ici dans mes galeries ou lors de mes expositions.

Et encore, je n'ai décrit que 5 erreurs dans cet article, mais je pourrais en ajouter encore bien plus.

Mais si commettre des erreurs fait partie de l'apprentissage, il n'empêche que c'est toujours rageant de rentrer d'une sortie photo et de se rendre compte que les images sont ratées, à cause d'erreurs facilement évitables.

Si vous voulez éviter les principales (que j'ai toutes commises à un moment ou un autre, c'est du vécu), je vous décris dans mon guide tout ce que vous devez savoir pour les anticiper et vous lancer sereinement dans la photographie ICM.

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Les Secrets de la photographie abstraite et ICM

Mon guide destiné à toutes celles et tous ceux qui veulent se lancer dans la photographie ICM, sans galérer avec la technique ni tomber dans les pièges.

Texte de Emmanuel Munier

Artiste photographe.
Je fais des photos abstraites et impressionnistes. Mes images vous invitent au voyage et à la rêverie.


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