Je voulais reproduire les photos des autres. Jusqu’à ce que je comprenne que ça n’avait aucun intérêt.
A l'assaut des meilleurs clichés
Les photos que je voyais étaient incroyables de couleurs, de netteté, d’effet waouh et de technicité. Qu’est-ce qui m'empêchait de faire pareil ?
Alors je me suis lancé tous azimuts.
Je croyais qu’il fallait prouver sa maîtrise de tous les domaines de la photo.
Qu’il fallait savoir prendre en photo une cascade en pause longue.
Qu’il fallait absolument maîtriser les photos de feux d’artifice.
Que savoir prendre la Lune ou la Voie Lactée était essentiel.
Et que dire d’un photographe qui habite au bord de la mer et qui ne prendrait pas les fougueuses déferlantes les jours de tempête ? Banco, va pour les photos de vagues !

Il m'arrive aussi de prendre les vagues en photo, mais pas comme vous pourriez l'imaginer.
Et je ne parle pas de la post-production.
Je m’étais mis en tête que je devais savoir maîtriser Lightroom et Photoshop, le point blanc, le point noir, l’histogramme et autres concepts aussi poétiques que le mode d’emploi d’une scie sauteuse. (Spoiler : ça ne sert à rien de connaître tout ça).
Ainsi, pour chaque nouvelle expérience, je me référais à des tutos provenant de pseudo-pointures du domaine.
Il arrivait aussi, dans le meilleur des cas, que d’autres photographes me servissent d’inspiration.
Je cherchais donc à reproduire les conseils de ces tutos, ou les images des autres photographes.
Tout ça pour faire comme les autres.
Et in fine, le résultat était toujours moins bien que les modèles.
Un peu comme quelqu’un qui participe à un karaoké.
Photo-copieur, ou photographe karaoke
C’est la même musique, la même chanson.
Mais quand c’est nous qui chantons, il y a des faussetés, on n’est pas dans le rythme.
Bref, il n'y a rien à faire, c’est toujours moins bien que l’original.
De plus, dans un karaoké, les chansons sont en général assez mainstream, entendues des milliards de fois, pour être sûr que ça plaise au plus grand nombre.
Je n’ai jamais vu que l’on proposât de chanter du metal core norvégien, par exemple. L’originalité n’a pas sa place ici.
Je me suis donc vu dans la peau d’un photographe karaoké, pour reprendre l'expression de Gildas Lepetit-Castel : zéro originalité, aucune créativité, aucun propos, et des reproductions bancales de ce qui existe déjà des millions de fois.
Il était temps pour moi de changer de braquet, d’écrire ma propre partition et de créer mon propre univers.
Il touche moins de monde, mais il est 100% poétique et authentique.
Il touche moins de monde, mais il touche les bonnes personnes.
En faites-vous partie ?
